Je vous en parlais déjà dans un billet précédent ici, le Brésil est confronté à des politiques libérales délétères et des violences aggravées, dans une situation politique extrêmement tendue.

J’ai répondu la semaine dernière aux questions de Leonard Vincent pour le Journal du Media qui a fait son ouverture sur Lula :

Et je suis également revenue plus longuement sur ces questions à l’occasion de ma chronique pour Là bas si j’y suis, consacrée au Brésil : l’assassinat de Marielle Franco pendant le FSM 2018, l’emprisonnement de Lula intervenu depuis, le très inquiétant candidat à la présidentielle Jair Bolsonaro, les proximités du président Temer avec le lobby agro-industriel et le traité de libre échange Mercosur – Union européenne, mais aussi les alternatives d’agroforesterie dans la Mata Atlantica où je me suis rendue, dans la forêt tropicale humide.

La chronique vidéo “Lula en prison, l’extrême-droite en embuscade” est ici sur Là-bas dans son intégralité pour les abonnés, en voici un extrait :

Dans le contexte de meurtres de syndicalistes et paysans du Mouvement des Sans Terre déjà évoqué, il faut rappeler que l’agrobusiness est très puissant au Brésil où il représente 23% du PIB, et où le président actuel Michel Temer est le meilleur ami du puissant front parlementaire des riches propriétaires fonciers ; où la définition de l’esclavage dans les travaux agricoles fait encore l’objet d’âpres débats, et où le soja transgénique s’étend en détruisant les forêts pour arriver par millions de tonnes dans un port près de Saint Nazaire. Las aujourd’hui, sans parler de l’absurdité à faire voyager des céréales et de la viande à travers la planète, les dégâts que font peser cette monoculture et l’élevage Brésilien ne semblent pourtant pas pris en compte dans les négociations pour le futur traité de libre échange entre l’Union européenne et 4 pays du Mercosur : le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Un traité qualifié d’ »Armageddon du boeuf » par certains éleveurs français, et qui n’a pas fini de faire parler de lui.

A Rio en 1992 pour le sommet du développement durable, il y a 26 ans maintenant, le Mouvement des Sans Terre luttait déjà activement pour la réforme agraire. Le slogan dans les occupations était : “Lutta pela terra, lutta na terra” (« Lutte pour la terre, lutte sur la terre”). Cette lutte, à la fois sociale et environnementale, démocratique, se poursuit aujourd’hui dans des alternatives paysannes, d’agroforesterie comme le racontait ici RFI et comme j’ai pu le constater moi-même dans la Mata Atlantica, la forêt humide tropicale de l’État de Bahia. J’en parlerai dans ma prochaine chronique sur Reporterre. Et au vu de ce qui se passe du côté de l’État et du gouvernement au Brésil, avec l’éviction forcée de Lula, on a tout intérêt à voir ces alternatives se développer et prendre une sacrée ampleur…