Bonus – Edit : Le journal de 20h du Média s’est ouvert hier soir sur la situation explosive au Brésil, retrouvez mon interview sur Le Media ici

J’étais le mois dernier au Brésil pour le Forum social mondial qui s’est tenu à Salvador de Bahia, et je voudrais revenir de manière plus large sur la situation politique au Brésil qui est en train de s’accélérer avec le mandat de dépôt requis moins de 24h après le rejet de l’Habeas Corpus à l’encontre de Lula, menacé de douze ans d’emprisonnement. Un jugement amplement partial dénoncé par de nombreux juristes internationalement. Lula bénéficie d’un fort soutien populaire, comme on a pu le voir avec mon camarade et député Eric Coquerel lorsque nous avons été à ses côtés dans différentes réunions organisées en marge du FSM. Il représente un projet d’espoir dans un Brésil marqué si durement par les politiques libérales et où la montée des violences est de plus en plus préoccupante.

Pendant ce FSM, nous avons notamment organisé un atelier qui a réuni 200 personnes sur l’écosocialisme avec Alternatives et la Fédération des travailleurs du Québec mais aussi des partenaires d’ONG et de mouvements politiques brésiliens comme le PSOL dont était membre Marielle Franco. Militante noire, féministe, homosexuelle, socialiste, élue municipale issue des favelas et membre d’une commission d’enquête sur la militarisation de Rio, Marielle Franco a été assassinée à Rio le 15 mars, au tout début du Forum, ce qui a suscité une vive émotion et beaucoup de colère.

Cette violence qui s’exprime aujourd’hui au Brésil s’est également manifestée quelques jours plus tard par des tirs à balles réelles sur la caravane de la campagne présidentielle de l’ancien président Lula. Lula est en tête des sondages pour cette élection présidentielle et son emprisonnement laisserait la voie libre à un autre candidat, placé deuxième à 15-20% dans les enquêtes d’opinion : Jair Bolsonaro. Une sorte de Trump à la Brésilienne, dont certains disent que « à côté, Marine le Pen c’est Mamie Nova » : ancien militaire durant la dictature au Brésil, Jair Bolsonaro se réfère à un « appel divin », réclame plus de liberté sur les armes pour lutter contre la criminalité, déclare que « un bon bandit est un bandit mort », et disait à propos d’une élue du Parti des Travailleurs (PT) en 2014 qu’il « ne la violerait pas parce qu’elle ne le mérite pas ».

Il faut se souvenir aussi que Marielle Franco n’est hélas que la partie immergée d’un iceberg de militants tombés sous les balles. La violence s’exerce depuis des années sur les activistes au Brésil, notamment ceux qu’on appelle les « sans terre », des paysans qui luttent contre la mainmise des riches propriétaires terriens. Depuis Chico Mendes, syndicaliste, seringueiro et défenseur de la forêt Amazonienne qui avait une tente à son nom au FSM, assassiné en 1988 sur ordre d’un riche éleveur, la liste ne cesse de s’allonger. En 2016, selon Global Witness, 49 militants de l’environnement ont été assassinés au Brésil, principalement dans la forêt Amazonienne.

Marielle Franco*, 14/03/2018 – vereadora do Rio, líder na luta feminista e pelos direitos humanos – assassinada *Paulo Sérgio Almeida* Nascimento 13/03/2018 – líder comunitário no Pará – assassinado *Márcio Oliveira Matos*, 26/01/2018 – líder do MST na Bahia – assassinado *Leandro altenir Ribeiro Ribas*, 19/01/2018 – Líder Comunitário no RS – assassinado *Jefferson Marcelo*, 04/01/2018, Líder comunitário no RJ – assassinado *Carlos Antonio dos Santos (carlão)*, 08/02/2018 – líder movimento agrário Mato Grosso – assassinado *José Raimundo da Mota de Souza Júnior* 13/07/2017 – líder quilombola/MST bahia – assassinado *Eraldo Lima Costa e Silva*, 20/06/2017 – líder MST Recife – assassinado *George de Andrade Lima Rodrigues*, 23/02/2018 – líder comunitário Recife – assassinado *Luís César Santiago da Silva (“cabeça do povo”)*, 15/04/2017 – líder sindical Ceará – assassinado *José Bernardo da Silva*, 27/04/2016 – líder do MST Pernambuco – Assassinado *Paulo Sérgio Santos*, 08/07/2014 –

Ne les oublions pas. J’y reviendrai très prochainement dans deux chroniques, en vidéo avec Là-bas si j’y suis, et par écrit sur Reporterre. En attendant si vous souhaitez soutenir Lula, une pétition a été lancée par l’ancien Prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel. Au Brésil la résistance s’organise et des cars convergent vers Sao Bernardo et le syndicat des métallos où se trouve Lula, cette vidéo a été tournée dans la nuit, les slogans : Lula Libre et Lula vaut le coup de la lutte #LulaLivre #LulaValeALuta