(…) Voilà que je me retrouve toute bête à ne pas trouver les mots…
Je viens d’en recevoir les premiers exemplaires imprimés. C’est émouvant de voir ce petit livre prendre vie, de l’imaginer feuilleté, lu, partagé. J’aimerais qu’il circule de main en main, offert sur le quai d’un train, lu le temps d’un trajet, recommandé pour une pause en solo, le temps d’un long café ou d’un apéro. Comme un moment qu’on s’offre, à la fois grave et léger, politique et poétique. Pas un pavé intimidant ni un essai austère, mais quelques graines à semer dans ce contexte d’effondrement et de dévissage culturel qui sonnent comme un naufrage de la société. J’y parle de refus de parvenir en compagnie du navigateur Bernard Moitessier, de marge humaine avec Les racines du Ciel de Romain Gary, de lucioles avec Pasolini, d’écologie et de radicalité, de dignité du présent, du Vercors et d’été…
“Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce” sort le 6 juin aux Éditions Libertalia, l’occasion d’aller voir votre libraire de quartier ou, pour les plus impatients et en soutien, de le pré-commander dès maintenant ici. Merci…
« Notre société déborde de trop-plein, obscène et obèse, sous le regard de ceux qui crèvent de faim. Elle est en train de s’effondrer sous son propre poids. Elle croule sous les tonnes de plaisirs manufacturés, les conteneurs chargés à ras bord, la lourde indifférence de foules télévisées et le béton des monuments aux morts. Et les derricks continuent à pomper, les banques à investir dans le pétrole, le gaz, le charbon. Le capital continue à chercher davantage de rentabilité. Le système productiviste à exploiter main-d’œuvre humaine et écosystèmes dans le même mouvement ravageur. Comment diable nous est venue l’idée d’aller puiser du pétrole sous terre pour le rejeter sous forme de plastique dans des océans qui en sont désormais confits? D’assécher les sols qui pouvaient nous nourrir, pour alimenter nos voitures en carburant ? De couper les forêts qui nous faisaient respirer pour y planter de quoi remplir des pots de pâte à tartiner? »
Dans cet essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne, la militante écosocialiste Corinne Morel Darleux questionne notre quotidien en convoquant le navigateur Bernard Moitessier, les lucioles de Pasolini ou Les Racines du ciel de Romain Gary. Elle propose un choix radical : refuser de parvenir et instaurer la dignité du présent pour endiguer le naufrage généralisé.