En Syrie du Nord, on en est à dix semaines de conflits depuis le début de l’invasion turque. Des centaines de milliers de personnes déplacées, des centaines d’écoles, magasins et usines fermés. Il n’y a pas de retour à la normale en temps de guerre. N’oublions pas le Rojava.
Parmi les nombreuses exactions et crimes de guerre en Syrie du Nord, le village de Kora Maza a été purement et simplement passé au bulldozer par la Turquie en guise de punition collective contre les habitants selon le Rojava Information Center.
La porte parole du Kongra Star, Evîn Swed, a témoigné que les coopératives de femmes basées à Serekaniye avaient été détruites. C’est plus de 4000 femmes ayant ainsi conquis leur autonomie qui se retrouvent chassées de leur champs, selon l’information rapportée par Raphael Lebrujah actuellement sur place.
Comme à Afrin, les preuves d’un nettoyage ethnique s’accumulent. Les déplacés qui ne peuvent pas retourner chez eux s’installent dans les camps sous des tentes de fortune alors que l’hiver commence. Chrétiens, Yézidis et Kurdes ont été chassés par la violence du Nord de la Syrie, et sont menacés s’ils rentrent. De nombreux biens kurdes sont pillés et confisqués selon un rapport de Human Rights Watch.
Les attaques de cellules dormantes de Daech ont augmenté de 63% après l’invasion turque, selon le rapport du Rojava Information Center. Cinq puits de pétrole seraient tombés entre les mains de la Turquie et des milices djihadistes.
Dans un clip vidéo, des miliciens menacent de tuer des «cochons» et des «infidèles» alors qu’ils exhibent un captif Kurde. De nombreuses vidéos similaires ont été partagées en ligne afin de dissuader les kurdes de rentrer chez eux, selon un article détaillé de The Independent.
Le 24 octobre, le président turc Erdogan avait clairement annoncé le nettoyage ethnique en décrivant la zone “de sécurité” comme inadaptée aux Kurdes : « Les gens qui conviennent le mieux à cette région sont les Arabes. Ces zones ne conviennent pas au mode de vie des Kurdes ». Aujourd’hui, Erdogan affirme vouloir remplacer la population locale en installant en Syrie du Nord plus d’un million de réfugiés, qui ne sont pas originaires de cette zone. Un processus qui serait déjà en cours selon l’agence Reuters.
Donald Trump, lui, qui a apparemment perdu tout intérêt pour cette partie du monde, l’a récemment décrite comme du «sable taché de sang». Classe.
Simultanément, en Turquie, une nouvelle vague d’arrestations frappe les Kurdes et celles et ceux qui dénoncent l’invasion en Syrie du Nord. Près de 16.000 membres et sympathisants du HDP auraient été arrêtés depuis 2015 et 84 maires destitués.
Sinon, Vladimir Poutine est cordialement invité à inaugurer le gazoduc Turkstream en Turquie le 8 janvier. Les deux présidents devraient également s’entretenir de la situation en Syrie et de la livraison de systèmes de défense antimissile russes S-400.
Ne laissons pas le silence et l’indifférence s’installer.