Voici la tribune collective publiée sur plusieurs medias mardi dernier : « Affaire de Bure » : Dénonçons le scandale d’Etat et mettons fin aux contrôles judiciaires. Elle appelle à mettre fin aux contrôles judiciaires très stricts qui ciblent les personnes mises en examen (voir ici sur Reporterre le dossier “déchets nucléaires” et les tribunes de Gaspard d’Allens notamment). La Cour de Cassation a malheureusement rejeté le pourvoi déposé par les cinq militants le 28 novembre. Tous les soutiens sont les bienvenus.
Jeudi 15 novembre, l’ampleur monumentale de l’enquête pour « association de malfaiteurs » ouverte depuis juillet 2017 contre les opposants au projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure a été révélée.
Nous, signataires de cette tribune, considérons que derrière le masque d’une banale enquête pénale, une « affaire Bure » se profile. Les « techniques spéciales d’enquête » de la loi du 3 juin 2016 sur la « criminalité organisée et le terrorisme » servent en réalité à asphyxier la contestation du plus gros projet industriel français.
Une débauche de moyens est utilisée pour traquer les opposant.e.s : des milliers d’écoutes téléphoniques, balises GPS sous les voitures, géolocalisations, « valises espionnes », tentatives de pose de micro, analyses ADN, une vingtaine de perquisitions, saisie de centaines d’ordinateurs, téléphones et clés USB, dizaines de gardes à vue de 48 à 60 heures. Dix gendarmes travaillent quasiment à temps plein sur l’enquête au sein d’une “cellule Bure” spéciale. Le dossier d’enquête fait déjà plus de 10 000 pages, pour un coût de plusieurs centaines de milliers d’euros au moins, selon les opposant.e.s.
Sept personnes sont mises en examen et deux sont témoins assistés : deux administratrices du réseau Sortir du Nucléaire, un avocat, un maraîcher, et des personnes impliquées dans la Maison de résistance et des associations locales. Depuis juin 2018, elles subissent des contrôles judiciaires scandaleux qui leur interdisent certaines portions du territoire national et les empêchent de rentrer en contact les unes avec les autres. C’est une atteinte aux libertés fondamentales et une manœuvre délétère pour broyer des vies et atomiser un mouvement.
Une telle surenchère de moyens pour nourrir un dossier qui semble vide sur les faits rappelle « l’affaire Tarnac ». Mais cette fois la cible n’est plus une hypothétique « cellule d’ultra-gauche » : c’est l’ensemble d’un mouvement de lutte et toute sa diversité d’acteurs, individus, collectifs et associations, qui se sont mobilisé.e.s au cours des 25 dernières années.
Nous dénonçons un scandale d’État. Cette « affaire Bure » constitue une nouvelle attaque sur les libertés publiques, une entrave à toute possibilité de contestation politique à l’aide des outils hérités de l’antiterrorisme, une menace de trop à l’encontre de fondements démocratiques.
C’est pourquoi nous, intellectuel.le.s, artistes, comédien.ne.s, élu.e.s, avocat.e.s, éditeurs.trices, cinéastes, humoristes, militant.e.s associatifs… :
- nous déclarons solidaires des « malfaiteur-e-s de Bure »
- appelons à stopper la criminalisation aberrante de cette lutte
- exigeons de mettre fin immédiatement aux contrôles judiciaires intolérables qui pèsent sur les personnes mises en examen.
La liste complète des signataires est ici sur Basta
– Vous pouvez signer la pétition « Affaire de Bure : Mettons fin aux contrôles judiciaires ! »
– Contact général : noussommestousdesmalfaiteurs@riseup.net
– Blog “Nous sommes tous-tes des malfaiteur-e-s !”
– Chaîne Youtube “Paroles de malfaiteur-e-s”