J’étais à Tunis les 27-29 mai derniers, pour les premières rencontres du Monde Diplomatique édition arabe à Tunis, co-organisées avec la Fondation Rosa Luxemburg.
Un symbole fort, cinq ans après les révolutions arabes de 2011, pour ce journal critique et indépendant, qui avait disparu depuis 18 ans de cette partie du monde.
Côté cour, des intellectuels, philosophes, journalistes, politiques, des jeunes et des femmes, quatorze pays du Maghreb, Machrek et d’Europe (avec Podemos, Syriza et le jeune parti Razem polonais) y étaient représentés. Pour le Parti de Gauche, j’étais avec Djordje Kuzmanovic pour porter notre projet écosocialiste et internationaliste, et je dois dire que nous avons reçu un accueil très chaleureux des camarades Tunisiens. Dans les ateliers, nous sommes intervenus sur notre projet d’écosocialisme avec le Manifeste traduit en arabe, notre souhait de construction d’un nouvel espace de coopération euro-méditerranéen, et d’actions communes contre les traités de libre-échange.
La question des stratégies a également été abordée, avec une intervention saluée de Hamma Hammami, le porte-parole du Front populaire tunisien, en faveur de l’unification des forces progressistes pour lutter contres tous les obscurantismes qu’ils soient politiques ou religieux, au Sud comme au Nord. Là aussi, nous sommes revenus sur l’expérience et les enseignements du Front de Gauche en France, très observé en Tunisie, et sur le raté des adhésions directes, les divergences en matière de stratégie de conquête du pouvoir, et la nécessité d’élargir les mouvements de gauche en dépassant les cartels de partis.
Enfin, pour conclure ces rencontres un projet de déclaration a été discuté en plénière. Malgré les résistances de certaines branches les plus conservatrices des organisations représentées, celui-ci devrait bientôt être disponible et faire la part belle au refus du capitalisme, de la dette illégitime et de l’austérité, en appelant à la jeunesse, à la société civile, et à l’écosocialisme. A suivre donc.
Ma contribution Monde Diplo / Rosa Luxemburg : “Pour un écosocialisme euro-méditerranéen” (pdf)
Coté jardin, ce (trop) court séjour fut aussi l’occasion pour moi de retrouver Tunis, et de mesurer à mon impatience au départ combien cette ville m’avait manqué…
Me réveiller au chant cacophonique des oiseaux du Parc du Belvédère, découvrir Sidi Bou Said avec un thé aux amandes sur un toit, face au Golfe de Tunis, à regarder les cargos partir vers Gênes et Palerme.
Retrouver des camarades et amis, Mouna, Riad, Lotfi, Audrey…
Bénéficier d’une visite guidée en catimini entre deux ateliers dans les couloirs de l’ancienne demeure familiale du peintre Gorgi, de l’Ecole de Tunis, où les pièces à vivre sont encore couvertes des carreaux qu’il avait lui-même dessinés, un vrai art matérialiste…
Et enfin lire « A quoi bon la Révolution si je ne peux danser », le livre de l’écrivaine et féministe turque Ece Temelkuran, qui débute sur une terrasse de Tunis avant de filer en Lybie, et emprunte son merveilleux titre à une phrase d’Emma Goldman…