J’ai
abandonné à regret les rues enneigées d’Istanbul ce midi pour rejoindre
à deux pas de la place Taksim une salle aveugle, pleine à craquer et
bourrée de caméras.
Des camarades venus de Grèce, d’Espagne, du
Maroc, du Portugal, de Tunisie, d’Italie, mais aussi d’Allemagne ou du
Danemark… Ambiance polyglotte pour l’ouverture de cette deuxième
conférence méditerranéenne organisée par le Parti de la Gauche
Européenne. J’y ai été invitée, avec le responsable Maghreb-Machrek du
PG Alain Billon, à présenter l’écosocialisme et introduire la session de
demain après-midi.
Tous les orateurs commencent naturellement par saluer la victoire de
Syriza et faire part de notre soutien total au peuple grec… Sans
faux-semblants ni angélisme sur l’état très hétérogène de la gauche
radicale dans les différents pays présents. On se fait cette réflexion
dans un sourire avec Nabila Mounib que j’avais rencontrée au Maroc et
invitée à nos assises pour l’écosocialisme en 2012. Je suis sincèrement
heureuse de la retrouver ici.
Bien
sur on parle aussi de Kobane et de la Syrie, de l’AKP au pouvoir en
Turquie, des législatives en juin et des droits des femmes, beaucoup. Du
Kurdistan, de Chypre, de Palestine. Et de l’indispensable
internationalisme : le capitalisme est transnational, notre gauche soit
l’être aussi.
Et je dois dire que ça donne du cœur de nous voir
tous réunis ici. De ces moments où les mots de tribune prennent un sens
concret, s’incarnent dans des visages et se tissent à travers des
accolades fraternelles. Loin des postures. Loin du nombrilisme… Et
loin des paysages enneigés.
Comme quoi… C’est aussi parfois
dans des salles de réunions stambouliotes que la révolution, des idées
et des luttes, se construit.