J’ai été invitée à l’automne dernier, en compagnie de Serge Latouche, Florence Leray, Alain Lipietz ou encore Mohammed Taleb, à intervenir dans le cadre d’un cycle de conférences organisé par la Chaire Jean Bastaire à l’Université Catholique de Lyon. J’y ai fait une lecture critique et écosocialiste de l’encyclique Laudato Si du Pape François, parue l’année de la Cop21.
Aujourd’hui sort aux éditions du Cerf le recueil de nos contributions, sous la direction de Fabien Revol, disponible dans toutes les bonnes librairies (cliquer sur l’image ci à côté pour les détails).
Vous pouvez également retrouver ici la vidéo de ma conférence
Le séisme d’une encyclique » par Corinne Morel-Darleux, Conseillère régionale et secrétaire nationale du PG, basée dans la Drôme, Corinne Morel-Darleux vit et écrit au contact du Vercors et défend un écosocialisme empreint d’alternatives, de poésie et de résistances. Engagée de longue date contre les mécanismes culturels et économiques de destruction des êtres humains comme des écosystèmes, elle a ressenti les répliques du « séisme Laudato si’ » dans les milieux écologistes mais aussi anticapitalistes et laïques. Parce que l’enjeu du climat pose aujourd’hui la question des conditions mêmes de vie humaine sur Terre, il refonde dès lors un intérêt général humain à préserver la biosphère. En ce sens, l’encyclique constitue un point d’appui : en faisant le lien entre urgence sociale et environnementale, en pointant la responsabilité morale de la finance internationale, en critiquant le court-termisme des politiques actuelles, le pape François renvoie la conscience chrétienne à son propre examen. Mais le défi climatique réclame des actes politiques urgents, une prise de conscience concrète, et l’impératif d’universalisme qu’il pose reste un chemin parsemé d’embûches et de contradictions dans l’univers religieux.
Voici l’article de La Croix qui y a été consacré : « Laudato Si, un ‘petit séisme’ dans les rangs du Parti de Gauche »
Et enfin quelques extraits de mon intervention recensés sur ce site : “Écologie politique, Laudato Si et Laudato No” :
« L’encyclique constitue un point d’appui, en faisant le lien entre urgence sociale et environnementale, en pointant la responsabilité de la finance internationale, en critiquant le court-termisme des politiques actuelles, les dommages d’une écologie superficielle assoupie, ou encore l’inefficacité et le caractère pervers des crédits carbone »
Points de rapprochement : « Un, la dette économique des pays pauvres est devenue un instrument de contrôle. Deux, les pauvres sont les premiers touchés par le dérèglement climatique, et ce n’est pas « prévisible » : cela a déjà commencé avec les conflits armés qui vont se multiplier pour l’accès aux ressources, les intempéries qui ruinent les récoltes, la montée des eaux, les, migrations forcées. Trois, il existe une dette écologique des pays industrialisés qui doit être réglée », développe encore la Conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes.
Pierres d’achoppements : « Je regrette notamment qu’elle laisse planer une ambiguïté sur les questions des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) ou du nucléaire. Le pape François ne va pas, sur ces enjeux-là, aussi loin que dans sa critique de la finance ». Elle condamne aussi « les considérations papales sur l’avortement, inacceptables pour des féministes et impossibles à entendre pour tous les progressistes : le respect du vivant ne peut s’affranchir de l’enseignement des Lumières, de l’humanisme et des grandes conquêtes d’émancipation comme celle que représente le droit à disposer de son propre corps. »
« J’ai grandi dans un milieu anticlérical, sur fond de poèmes de Prévert et de chansons de Brassens, et je milite aujourd’hui dans le camp des anticapitalistes écologistes, républicains et laïques – voire laicards ». « Si j’ai accepté d’animer cette conférence, c’est aussi parce qu’il faut commencer par reconnaître que cette encyclique a fait l’effet d’un petit séisme dans les rangs militants, certains camarades ont poussé à en faire la diffusion ».