Je ne sais plus comment il faut le dire, ce qu’il faut faire pour alerter. Une nouvelle vire vient de céder dans le massif du Mont Blanc

Les montagnes s’écroulent, le lac d’Annecy se vide de manière alarmante, le Pic du Midi n’a pas gelé depuis 100 jours. C’est du jamais vu. Et ça se passe ici, en ce moment.

Le réchauffement climatique n’est pas pour 2050 ni même 2020. C’est maintenant.

Faut-il le mettre en majuscules ? Le hurler ?

C’EST MAINTENANT !

En deux ans j’ai utilisé tous les moyens dont je disposais, donné je ne sais combien de conférences publiques, enregistré deux chroniques chez Là-bas si j’y suis sur le sujet, écrit sur Reporterre encore et encore, et dans l’Intérêt Général, je suis allée au Congrès des élus de montagne avec le sénateur Guillaume Gontard, monté des tribunes collectives, je suis intervenue en commission Montagne et en session plénière à la Région un nombre incalculable de fois, j’ai déposé des amendements avec mon groupe RCES, recensé les écroulements, raconté ma rencontre avec un moineau punk et essayé de faire rêver, j’ai rencontré des gardiens de refuge, des secouristes et des guides de montagne inquiets, participé à un colloque avec des représentants de l’IRSTEA et de Météo France à l’université de Grenoble, travaillé avec l’élu à la montagne de la ville Pierre Mériaux, échangé avec Fredi Meignan et soutenu Mountain Wilderness, dénoncé le lobby du ski, j’ai été interviewée par Montagnes Mag et le Dauphiné Libéré, j’en ai parlé sur France 3 et j’ai même saisi le procureur de la République pour soupçon de prise illégale d’intérêts.

Moi et tant d’autres, on a donné tous les chiffres possibles et imaginables issus de dizaines de travaux scientifiques sur le réchauffement climatique dans les Alpes, le dégel du permafrost de nos montagnes, la responsabilité de certaines activités humaines et du système, les choses à changer, tout est là. Su et connu. Et ça continue. 

J’ai appris ce nouvel écroulement dans le Mont Blanc alors que je revenais du Vercors. Le Col de Villard, une de mes balades préférées. Il faisait beau, l’air était doux, la vue sur la vallée du Diois, le calme qui règne là-haut… Je n’avais pas envie de redescendre. Alors bien sûr, on va continuer. Mais en vrai là, j’ai juste envie d’y retourner.