Après la formidable mobilisation d’hier à Notre Dame des Landes contre le grand éléphant blanc qu’est le projet d’aéroport, au tour du Sud de prendre le relais ce dimanche à Barjac, dans le Gard. J’ai été invitée par les collectifs organisateurs à y prendre la parole.
Il y a cinq ans, au tout début de la mobilisation je me souviens d’une soirée dingue à Lussas, un village d’à peine 1.000 habitants où on s’était retrouvés à plus de 400 dans une salle des fêtes bondée. Et puis les mobilisations se sont succédées tout 2011. On était près de 20.000 à Villeneuve de Berg en février, plusieurs milliers encore à Donzère deux mois après, on a fait la fête à Alba en octobre… On a projeté Gasland dans la moindre salle disponible, on a connu je ne sais combien de ministres, entre NKM, Fillon, Bricq, Batho, Martin et Royal. On a répondu à Eric Besson, on s’est moqué de JL Borloo, ce farceur qui se déclarait soudain opposé aux gaz de schiste alors que c’est lui qui, en tant que Ministre, avait accordé les permis de recherche exclusifs un an auparavant ! On a épinglé Hervé Mariton quand il s’est abstenu à l’Assemblée en estimant qu’il ne fallait pas prendre « une position définitive qui amène à conclure sans savoir».
Et on a gagné ensemble la loi du 13 juillet 2011, dite loi Jacob.
Et puis ? Et puis on a continué. Avec les maires ardéchois quand ils ont été convoqués en préfecture en septembre 2012, en novembre 2012 contre le rapport Gallois et les déclarations des ministres Arnaud Montebourg et Alain Vidalies qui voulaient déterrer les gaz de schiste. Depuis cinq ans, les gouvernements se sont succédés, les ministres aussi, certaines positions ont varié au gré du vent, mais nous on est toujours là ! Et déterminés à aller plus loin.
Car qui peut croire que Total irait explorer 4.327 km2 pour ensuite dire que finalement non, il ne va pas l’exploiter ? Or tout le monde sait que la seule et unique méthode d’extraction c’est la fracturation hydraulique.
La loi Jacob ne suffit pas.
Ça ne sert à rien d’essayer de nous emmêler avec de la recherche, exploration, extraction ou exploitation… Fracturation à base de fluides, électrique, thermique, mécanique, stimulation, massage de la roche ou quoiqu’ils inventent. Qu’il soit de schiste, de couche, de houille, pétrole, huile ou gaz : on n’en veut pas ! Parce que quelle que soit la méthode d’extraction, ce gaz, huile, pétrole, il est bien extrait pour être brûlé ? Il dégagera donc des gaz à effet de serre déréglant encore davantage le climat. Elle est où la Cop21 là ? C’est pour ça qu’à la Région, on avait demandé dès octobre 2010 l’abrogation du permis de Montélimar et fait adopter en Rhône-Alpes le refus de toute extraction, quelle que soit la technique utilisée.
Mais ça, c’était avant Laurent Wauquiez. Monsieur Wauquiez qui, quelques jours après les attentats jugeait opportun de traiter les militants écolos d’« ayatollahs». Monsieur Wauquiez qui, en juillet 2013, signait une proposition de loi pour supprimer le principe de précaution de la Constitution, mais qui fort opportunément, le 12 février dernier, à l’occasion d’une visite en Ardèche, se dit opposé aux gaz de schiste. Le pauvre… Patatras, deux jours plus tard le président du conseil national de de son parti, Luc Chatel, appelle LR à devenir « le parti du principe d’innovation plus que du principe de précaution, le parti du gaz de schiste, des OGM, des biotechs ». Position confirmée par son champion Nicolas Sarkozy, pour qui la France ne peut pas être, je cite, « le seul pays au monde qui refuse la possibilité d’étudier » un gaz de schiste français.
Tous ces gens doivent vivre sur une autre planète. Ils n’ont pas du suivre les débats de la COP 21, ni bien sûr participer aux forums Alternatiba, ni même lire les rapports du Giec. Mais nous, notre planète elle est ici et on ne lâchera rien. Comme nos camarades de lutte d’In Salah en Algérie, ou de la région de Kairouan en Tunisie. Amis, Total a abandonné la partie en Pologne. C’est possible aussi ici.
No gazaran. Le combat se poursuit.